mardi 31 août 2021

Parution de "L'animal et la mort"

 

L'animal et la mort
Chasses, modernité et crise du sauvage

Charles STÉPANOFF

La modernité a divisé les animaux entre ceux qui sont dignes d’être protégés et aimés et ceux qui servent de matière première à l’industrie. Comment comprendre cette étrange partition entre amour protecteur et exploitation intensive ? Parce qu’elle précède cette alternative et continue de la troubler, la chasse offre un point d’observation exceptionnel pour interroger nos rapports contradictoires au vivant en pleine crise écologique.
À partir d’une enquête immersive menée deux années durant, non loin de Paris, aux confins du Perche, de la Beauce et des Yvelines, Charles Stépanoff documente l’érosion accélérée de la biodiversité rurale, l’éthique de ceux qui tuent pour se nourrir, les îlots de résistance aux politiques de modernisation, ainsi que les combats récents opposant militants animalistes et adeptes de la chasse à courre. Explorant les cosmologies populaires anciennes et les rituels néosauvages honorant le gibier, l’anthropologue fait apparaître la figure du « prédateur empathique » et les rapports paradoxaux entre chasse, protection et compassion. Dans une approche comparative de grande ampleur, il convoque préhistoire, histoire, philosophie et ethnologie des peuples chasseurs et dévoile les origines sauvages de la souveraineté politique.
Au fil d’une riche traversée, cet ouvrage éclaire d’un jour nouveau les fondements anthropologiques et écologiques de la violence exercée sur le vivant. Et, en questionnant la hiérarchie morale singulière qu’elle engendre aujourd’hui, il donne à notre regard sensible une autre profondeur de champ.

4 commentaires:

  1. Bonjour,
    J'ai écouté votre intervention dans la matinale de France Inter et j'ai été particulièrement touchée et émue par la justesse de vos propos, de votre analyse, par l'objectivité de votre analyse.
    Mon compagnon et moi habitons dans le Poitou et toutes les chasses que vous évoquées sont pratiquées dans notre village et aux alentours. Mon compagnon est un chasseur (chasse au chien d'arrêt, mais aussi chasse à courre...). Nous débattons souvent de la nature, de l'écologie... Nous ne sommes pas souvent d'accord même si je ne suis pas anti chasse. Vous écouter m'a fait fondre en larmes, j'y ai vu mon compagnon qui connait toutes les haies, les familles de faisans, de perdrix, qui se souvient du paysage et du gibier il y 50 ans, puis 40, puis 20 ...
    J'ai commandé votre livre (que j'ai hâte de lire) dans ma librairie et comme il n'est plus disponible j'ai fait quelques recherches sur internet et me voici sur ce blog. Je trouve vos études passionnantes, j'ai envie de commencer des études d'anthropologie et ... grande chance, je viens de découvrir que vous aviez fait l'émission de Mathieu Vidard! Alors, à défaut de vous lire tout de suite et d'assister à vos cours (ce ne sera probablement jamais possible), je vais écouter le replay de l'émission. Je vous remercie chaleureusement. Cécile

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  2. Bonjour,

    Je suis en train de lire votre livre que j'ai acheté après votre passage à France Inter.
    Je tenais à vous féliciter car l'ouvrage est passionnant, bien documenté, loin de toute idéologie et, ce qui ne gâche rien, très bien écrit. J'ai noté çà et là de magnifiques phrases comme par exemple "l'envol des fées a précédé le départ des hirondelles".
    Mais, comme Cécile dans le commentaire ci-dessus, je tenais avant tout à vous remercier. Ayant grandi comme on dit dans la cambrouse (en l'occurrence la vallée de la Dordogne lotoise) entouré de chasseurs et de paysans, je trouve que vos recits et analyses rendent avec justesse des modes de vie mais aussi de l'éthique ruraux. Enfin! Car vivant à Paris depuis 20 ans, c'est difficile d'entendre ces discours méprisants sur les chasseurs. Discours souvent prononcés par des soi-disant écologistes qui n'ont souvent jamais vraiment vécu à la campagne (sauf pour les vacances), alors que tous les chasseurs que j'ai connu étaient souvent des paysans qui connaissaient intimement et aimaient les animaux avec qui ils partageaient les terres où ils vivaient... Au passage, ce discours d'une certaine élite sur les chasseurs me rappellent ce qui se disait dans le passé sur les paysans (pedzouilles). Maintenant qu'ils ont disparu tout le monde les aime...
    Désolé pour ces quelques lignes un peu nostalgiques, mais je voulais conclure en vous remerciant une nouvelle fois pour ce très beau livre.
    Bien à vous,
    Hassan

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  3. Bonjour,
    Ouvrage passionnant sans parti pris.
    tout chasseur, tout anti-chasee , et plus généralement toute personne ayant conscience de la vision actuelles des animaux ..et de leurs usages (loisir, consommation, imagination..) devraient le lire.
    Factuel et exposant la réalité il mets face à leurs responsabilités et contradictions chasseurs et opposants.
    L'aspect sociologique et historique est particulièrement interessant.
    Et ce qui ne gâte rien, c'est particulièrement bien écrit (m^me si pour moi certains passage sont un peu pointus.
    D'origine rurale, je vis et travaille en ville et je ne peux que être d'accord avec le post de Hassan.
    Cordialement,
    Jean-Ro

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  4. Bonjour M. Stépanoff,

    Votre travail va au cœur de ce clivage de notre société entre la sensibilité exacerbée des amoureux des animaux, et la passion inextinguible des autres pour traquer et donc, forcément, comprendre l'animal.

    Vous mettez en lumière le rôle antagoniste de la religion et de la noblesse dans les prémices de ce schisme. Le livre est excellement construit et fondé sur des centaines de références qui sont l'œuvre, sinon d'une vie, du moins d'une partie de vie, probablement consacrée à tenter de réconcilier ce schisme qui nous travaille tous.

    Cependant, j'ai trouvé un peu courte la seule phrase sur la tauromachie dans votre livre, où vous la réduisez au combat d'un animal domestiqué. Or, si comme le gibier sauvage, du fourrage est fourni aux troupeaux pendant la période hivernale et si les cavaliers les conduisent régulièrement dans des exercices de course, ces animaux sont élevés dans l'absence totale de contact avec un bipède. Cette virginité est le préalable à la corrida, qui n'est que l'utilisation d'un leurre pour dominer un toro, ce que certains toros finissent par comprendre en poursuivant les jambes sous la cape et non la cape elle-même.

    Par ailleurs, il existe tant de similitudes entre la corrida et la chasse : jeu équin créé au XVIe siècle par les grands d'Espagne, il est à l'origine de grandes réserves de terres dédiées à l'élevage de toros en Espagne, et en France. La naissance de la corrida à pied correspond à celle de la chasse populaire née de la révolution : au même moment, de l'autre côté des Pyrénées, les roturiers imitent le rejon mais à pied en tuant les animaux des moines propriétaires des troupeaux de taureaux au début du XIXe siècle.

    Enfin, vos derniers mots sur la nécessité de faire face à la mort de l'animal résonnent avec les phrases de Francis Wolff dans Philosophie de la Corrida dans la section " Vers un nouveau sens de la mort du taureau ? ".

    Je serais heureux d'en discuter plus avant mais aussi si cela est possible, de contribuer à vos côtés à recréer un sens pour l'animal et la mort dans notre société.

    Cordialement,
    Olivier

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