26 mai 2015: Anthropologie de la possession et sociologie pragmatique : une étude de cas vietnamienne, par Paul Sorrentino


Anthropologie de la possession et sociologie pragmatique : une étude de cas vietnamienne

Paul Sorrentino, post-doctorant au Centre Asie du Sud-Est (Ehess/Cnrs)

Mardi  26 mai 2015 11h-13h, salle 124, EPHE, 190 avenue de France, Paris 13e.


Depuis la fin des années 1990, le Vietnam a connu un développement rapide de nouvelles pratiques de possession par les morts, lié au contexte politique d'une ouverture relative du pays et d'un retour mémoriel sur la guerre. L'innovation la plus récente, appelée áp vong, concerne des séances lors desquelles ce sont des clients, et non le spécialiste encadrant le rituel, qui incarnent les défunts, avec qui les autres membres du groupe familial peuvent ainsi interagir.

Cet élargissement de la fonction médiumnique implique des séances marquées par une grande incertitude (on ne sait pas qui va être possédé, ni par quel défunt) et une possession souvent interrogée par les participants, qui expriment souvent hésitation, doute, et incompréhension face à des comportements qu'ils peinent à qualifier. L'ethnographe ne peut donc s'y satisfaire d'énoncés du type "x est possédé par y", quand bien même ceux-ci seraient fondés sur un constructivisme simple considérant qu'il y a possession parce que les participants l'affirment : dans les séances de áp vong, les définitions de la situation sont souvent conflictuelles et instables.

Face au défi que représente la description de telles situations, je propose d'envisager un constructivisme renouvelé faisant recours aux outils de la sociologie pragmatique tels qu'ils sont mis en œuvre dans les travaux de Luc Boltanski et, dans des contextes différents, par Bruno Latour. C'est donc une approche pragmatique de la possession que cette communication vise à exposer. Plutôt que sur une ethnographie générale des pratiques de possession vietnamiennes, elle s'appuiera sur une étude de cas précisément relatée et contextualisée (dans laquelle la possession se trouvera contestée par le possédé lui-même). Il s'agira de décrire de manière détaillée les interactions qui se déploient lors de la séance pour y déceler les épreuves qui font et défont la possession, en cherchant à rétablir la continuité entre les modalités de construction de l'incarnation d'un défunt in situ et les enjeux plus larges auxquels cette mise en présence est liée.

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