Transsingularités: les fondements cognitifs du chamanisme nord-asiatique

Que fait-on des êtres singuliers, inclassables, imprévisibles? La psychologie et l'anthropologie nous en disent beaucoup sur la façon dont nous ordonnons le monde qui nous environne en classant êtres et choses en catégories: espèces vivantes, classes de parents, catégories conceptuelles. En classant un être dans une catégorie, nous fermons les yeux sur sa singularité, nous l'identifions comme un simple exemplaire d'une classe et nous lui attribuons ce que nous savons déjà des membres de sa classe: nous opérons une généralisation inductive.
Généraliser est indispensable dans la vie quotidienne: cela nous permet de faire des prévisions sur les comportements des animaux et des gens et sur les propriétés des objets et ainsi de faire entrer l'inconnu dans le connu. Or certaines cultures mettent en avant des circonstances particulières dans lesquelles il n'est pas approprié de généraliser. Certains êtres présentent des caractères particuliers qui les distinguent à l'évidence de la norme et qui semblent indiquer une identité, une personnalité hors du commun. Dans le chamanisme nord-asiatique, on suppose qu'il existe une solidarité sous-jacente entre ces êtres déviants, chamanes humains, animaux ou végétaux: c'est le principe de transsingularité.

Voir l'article: Transsingularities: the cognitive foundations of shamanism in Northern Asia

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